martes, 23 de noviembre de 2010

Le Moring, art de combat afro-malgache

Colloque « Expériences et mémoire : partager en français la diversité du monde »

Bucarest, septembre 2006
Le Moring, art de combat afro-malgache : Une mémoire interculturelle de l’esclavage dans les petites îles du sud-ouest de l’océan Indien occidental, Sudel FUMA, Université de La Réunion, CRESOI.

Le Moring, vecteur identitaire dans les Îles de l’océan Indien Dans les îles de l’océan Indien occidental, les systèmes de l’esclavage et de l’engagisme sont les principaux vecteurs de la propagation du Moring. Les témoignages historiques sur son expansion dans les petites îles permettent difficilement de dater avec précision les premières pratiques de Moring dans les petites îles. Toutefois, l’origine des populations esclaves transportées dans les îles – à dominante malgache au XVIIIe – ne laisse planer aucune ambiguïté sur sa présence avant l’abolition de l’esclavage à Bourbon. Nous pensons même que le Moring a été pratiqué à l’Île Maurice et aux Seychelles où il a complètement disparu aujourd’hui. Une danse guerrière qui reprend quelques techniques du Moring et qu’on appelle le « Tingue » existait autrefois aux Seychelles1. Le terme « Tingue » est lui-même à rapprocher du mot malgache « Ringa » qui signifie littéralement lutte ou combat. Le « Ringa », lutte traditionnelle malgache, se pratique dans le sud de Madagascar. Malgré la sévérité du système esclavagiste et l’interdiction des pratiques et coutumes représentant un danger pour l’ordre établi, la tradition des arts de combat a survécu dans la clandestinité des camps d’esclaves. Le Moring se pratiquait quand le maître et le personnel de surveillance des camps – régisseurs et commandeurs – étaient au repos. Les hommes de la plantation pouvaient alors se regrouper le soir ou en fin de semaine et retrouver – loin de la maison du maître – leur tradition favorite. Quels types de Moring étaient pratiqués ? Probablement les différentes variantes du Moring malgache et du mrengué de Mayotte qui fusionnent pour donner un Moring réunionnais. En effet, les esclaves du XVIIIe siècle ont des origines diverses : sakalava, betsimisaraka, antandroy, annosy, comoriens, africains… En se retrouvant loin de leur terre d’origine, partageant le même labeur, les mêmes souffrances de la déportation, ils ont recomposé des pratiques culturelles, cultuelles, intégrant les divers apports régionaux. La survie du Moring a été très difficile dans l’univers carcéral de l’esclavage car l’autorité coloniale s’opposait à toute expression identitaire des esclaves. Le colon ne pouvait pas tolérait une pratique de combat pouvant se révéler dangereuse pour la sécurité de son environnement. Il ne comprend pas la signification de telles pratiques et porte un regard négatif sur les pratiques guerrières des adeptes du Moring. Déjà en 1658, Flacourt avait observé les luttes malgaches dans la région de l’Annosy. « Il arrive assez souvent » dit-il « qu’ils se battent dans les villages mais à coups de poings et font le mitoulou qui est la lutte de tant d’hommes contre hommes que femmes contre femmes. Ce sont des gens de bas aloi qui s’y prêtent »2. Ce témoignage, l’un des plus anciens qui existe sur les pratiques de combat à Madagascar, montre que l’Européen qui arrive dans les îles ne voit dans la lutte « mitolona » qu’un règlement de compte entre les gens de condition sociale modeste.
http://www.celat.ulaval.ca/histoire.memoire/b2006/Fuma.pdf

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